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11. Premier rassemblement et vidange

Juin 2016

Avec un contrôle technique en règle, je me sens un peu plus près à participer à mon premier rassemblement de voitures anciennes (c’est purement psychologique. On peut tomber en panne en sortant du contrôle technique…). Et cela tombe bien car il y a un rassemblement inter-club à Alan, à une distance raisonnable de Toulouse (50 km quand même), qui est aussi ouvert aux personnes qui ne sont pas inscrites en club.

Avec Laurent, nous voilà donc partis un dimanche matin vers 9h en ancienne (chacun avec la sienne). Le trajet se passe sans encombre, la voiture roule bien et nous arrivons à l’heure, c’est à dire une trentaine de minutes avant le départ du traditionnel cortège d’anciennes. En attendant, après avoir récupéré la plaque de la sortie, je me gare à côté d’une voiture encore plus vieille qui attire bien plus les passants que ma modeste 203…

Sortie Alan Juin 2016
Pas facile de lutter contre l’attrait d’une encore plus ancienne

Assez rapidement après le départ en cortège, avec le nombre de voitures de ce rassemblement inter-club, il règne une certaine pagaille dans les directions à suivre, et je me retrouve en pleine campagne à quelques kilomètres seulement du village, avec d’autres qui ont suivi une voiture qui n’appartenait pas au rassemblement…

Si la sortie en elle-même n’est pas un grand succès, je me retrouve garé à côté des deux autres 203 du rassemblement, une bonne occasion d’échanger sur les expériences des uns et des autres…

Une autre Peugeot 203 du rassemblement
Une autre Peugeot 203 du rassemblement (la seconde est sur la droite de la photo)

Je comprends alors pourquoi ma femme avait l’impression qu’il faisait plus chaud dans la voiture que dehors quand nous sommes allés chercher les enfants à l’école le dernier jour de l’année scolaire… La vanne du chauffage était ouverte! (je ne savais pas alors comment fonctionnait le chauffage). Ensuite, cela a confirmé que je ne m’étais pas trompé en remontant les tringles de commande de l’accélérateur (qui vont au carburateur). Enfin, on m’a conseillé de remettre le filtre à air sur le carburateur pour éviter de risquer de mettre le feu au moteur (je ne l’avais jamais mis depuis l’achat de la voiture…)

Le reste de la journée s’est passé à admirer des voitures anciennes et à écouter une bandas tout en mangeant divers plats de la cuisine régionale (du classique pour ce genre de sortie…). Sur le chemin du retour, un voyant vert s’est allumé sur mon tableau de bord. Il ne s’agit évidemment pas d’un voyant d’époque, mais comme il est vert, je me dis que cela ne doit pas être bien grave (si cela l’était, il serait de couleur rouge, non?), et je rentre donc à Toulouse avec ce voyant vert constamment allumé… On s’intéressera plus tard à ce qu’il indique!

Le voyant vert de ma Peugeot 203 (pas d'origine)
Le voyant vert de ma Peugeot 203 (pas d’origine)

Arrivé à la maison, je profite que l’huile de la boite de vitesse soit chaude pour la vidanger. Sur une 203 (en tout cas sur la mienne), le bouchon de vidange possède un petit aimant afin de capturer d’éventuelles particules de métal qui pourraient se retrouver sinon dans les engrenages (je trouve que c’est plutôt intelligent comme solution).

Bouchon de vidange de la boite de vitesse (avec son doigt aimanté)
Bouchon de vidange de la boite de vitesse (avec son doigt aimanté)

Le bouchon de remplissage de la boite de vitesse n’étant accessible que par le dessous de la voiture, le remplissage de la boite de vitesse avec de l’huile très visqueuse est assez fastidieux à faire avec une seringue. Aussi je m’en remets à la gravité pour faire le travail à ma place, en utilisant un tuyau de 2 m dont le diamètre extérieur est celui du bouchon. Une fois installé, il ne reste plus qu’à le remplir d’huile et attendre que cela s’écoule…

Remplissage de l'huile
Pour une fois que la gravité ne joue pas contre nous…

10. Le contrôle technique

Juin 2016

Après maintenant presque 8 mois de restauration arrive donc le moment tant attendu du contrôle technique. Pour toute autre voiture, l’examen ne revêt pas de signification particulière mais pour une ancienne sur laquelle on a passé déjà plusieurs dizaines d’heures, la chose est plus sérieuse….

Comme je viens juste de remonter le réservoir d’essence et de reconnecter tous les tuyaux de la ligne d’alimentation du carburateur, je n’ai pas encore vraiment roulé avec ma Peugeot 203, et je me dis qu’il faudrait mieux que je le fasse un peu avant le contrôle. Je vais donc au travail une fois avec, dès que je peux sortir sans risquer des fortes pluies (pas facile cette année dans la région toulousaine). La voiture démarre sans trop de difficultés mais je trouve que le moteur a un régime irrégulier.

J’en parle à Laurent qui envisage rapidement plein d’options: avance mal calée, inversion de la glace de starter au moment du nettoyage du carburateur, mauvais écartement du rupteur, prise d’air au niveau de la pipe d’admission, mauvais écartement des bougies, défaut de bobine, condensateur capricieux, mauvais réglage des culbuteurs,… (j’ai dû en oublier d’autres!). Comme la voiture n’avait pas ce comportement avant, je penche plutôt pour un dérèglement venant d’un équipement sur lequel je suis intervenu.

Pour réduire une prise d’air éventuelle au niveau de la pipe d’admission, j’en resserre les écrous et effectivement ils n’étaient pas tous bien serrés. Avec Laurent, on change la bobine (celle qui était peut-être aussi la cause de l’arrêt en rase campagne lors de la première sortie), vérifie les écartements d’un bougie… Et puis comme le rendez-vous est pris pour le contrôle technique, on s’arrête là et on verra bien (le contrôle technique ne porte pas sur la régularité du moteur de toute façon).

Arrive donc le jour du contrôle technique. Heureusement, la personne qui l’effectue à lui-même… une 203! J’imagine si ce n’était pas le cas, la difficulté pour cette personne à trouver où est la commande des essuie-glaces ou les lumières arrières (qui s’allument en actionnant une tirette très éloignée du volant). Au-delà de ces détails, l’avantage qu’il connaisse ce type de voiture est surtout qu’il sache estimer son état mécanique, et surtout dire ce qui est dans la norme pour une vieille dame de plus de 60 ans.

L’examen inclut aussi un passage sur un pont, ce qui me donne l’occasion de voir le dessous de ma Peugeot 203 sans être allongé. Il me fait remarquer que la voiture a été réparée au niveau du plancher, notamment à l’endroit des placements latéraux du cric.

 

Finalement, après presque une heure d’examen (je suppose que c’est parce que c’est la première fois que cela dure si longtemps… D’un autre côté, je préfère un examen minutieux à un examen bâclé!), le verdict est positif. Je vais enfin pouvoir faire la carte grise (avant que le rapprochement entre Languedoc Roussillon et Midi-Pyrénées ne fasse augmenter le coût du cheval fiscal de 10 euros…).

Autre surprise au moment de faire la carte grise: finalement, ma Peugeot 203 a une carte grise normale et non pas une carte grise de collection (si la carte grise est de collection, cela est indiqué dans la rubrique Z de la carte grise). Me voilà en règle pour mon premier rassemblement!

Pas de notation particulière dans la zone Z de la carte grise: il ne s'agit donc pas d'une carte grise de collection..
Pas de notation particulière dans la zone Z de la carte grise: il ne s’agit donc pas d’une carte grise de collection…

PS: Quant à la date de la carte grise antérieure à la date de sortie d’usine, cela n’a finalement pas de rapport avec la carte grise de collection, mais (c’est mon hypothèse actuelle…à vérifier) plutôt au fait que les premières cartes grises n’indiquaient que l’année. Quand il a fallu indiquer une date, le fonctionnaire a supposé le 1er janvier par défaut…

 

9. Le réservoir d’essence

Mars 2016

Le problème à résoudre pour le réservoir d’essence de ma Peugeot 203 est donc le suivant:

  • comment retirer la peinture de sol initialement utilisée pour protéger les parois du réservoir d’essence et qui à présent se dissout dans l’essence,
  • comment éviter que l’essence ne rentre en contact avec la paroi du réservoir.

Laurent, qui a déjà restauré un réservoir d’essence, me conseille de le traiter avec des produits de chez Restom dont la réputation n’est plus à faire dans le monde des anciennes. Cela me semble effectivement la bonne idée. Je leur envoie donc un échantillon de peinture récupéré sur la crépine au fond du réservoir, pour qu’ils testent le décapant à peinture sur celle-là…

Mais tout d’abord, que faire des quelques 30 litres qui se trouvent encore dans le réservoir. Ma première idée est d’aller voir à la déchetterie de mon village pour savoir ce qu’ils me proposent. Pas très utile finalement: ils ne prennent pas d’hydrocarbures autres que les huiles de vidanges. Je tente ma chance ensuite auprès d’une station service en leur demandant ce qu’ils font des hydrocarbures quand ils nettoient leurs cuves. En insistant un peu, ils me donnent alors l’adresse des professionnels qui s’en occupent mais le tarif pour un particulier se révèle hors de prix. La solution finalement est de la donner sur un site de petites annonces en la présentant comme un nettoyant pour peintures à l’huile…

Après plusieurs jours sans essence à l’intérieur, la peinture à l’intérieur commence à s’écailler (normal puisque l’essence contenue dans la peinture s’évapore et la couche de peinture se rétracte). C’est donc plutôt bon signe

Ce que l'on voit à travers le trou de la jauge d'essence: de la peinture cracelée
Ce que l’on voit à travers le trou de la jauge d’essence: de la peinture craquelée après quelques jours sans essence

Après avoir reçu ma commande Restom (3 pots de décapant DKPANT 4031 et 1 superkit de restauration de réservoir entre 50 et 70 litres), je me lance donc dans l’aventure en commençant par mettre un pot de décapant dans le réservoir pour voir ce que cela donne (c’est en fait une erreur: il faut au contraire tout utiliser d’un coup pour attaquer pleinement la peinture!). J’installe le réservoir avec des sangles sur une bétonnière avec des vis à bois à l’intérieur et des boulons et c’est parti pour plusieurs heures de rotation avec diverses inclinaisons de la bétonnière… (avec seulement 1 pot de décapant malheureusement)

Le réservoir bien sanglé sur la bétonnière en ayant pris soin de rendre étanches les orifices du réservoir
Le réservoir bien sanglé sur la bétonnière en ayant pris soin de rendre étanches les orifices du réservoir

Le résultat après plusieurs heures n’est pas très satisfaisant, et je remets ensuite deux pots dans le réservoir que je fais tourner un peu avant de le stocker en position retournée pour la nuit dans mon garage. Le lendemain, je retrouve la moitié du décapant sur le sol de mon garage! Le décapant a retiré la peinture qui bouchait des petits trous dans la partie supérieure du réservoir qui est celle qui rouille le plus car pas aussi souvent dans l’essence que la partie inférieure. Je colmate ces petits trous avec du scotch épais pour la suite des opérations: bétonnière à nouveau pendant des heures…

Ce qui sort finalement du réservoir: on dirait des paillettes d'or mais ce ne sont que des paillettes de peinture avec du décapant
Ce qui sort finalement du réservoir: on dirait des paillettes d’or mais ce ne sont que des paillettes de peinture avec du décapant

Après plusieurs rinçages du réservoir, le résultat est encourageant mais pas suffisant: il y a encore des traces de peinture, notamment sur les parois qui séparent le réservoir en trois compartiments. Je recommande donc à nouveau deux pots de décapant et je recommence l’opération, en ajoutant une chaine à maillons pour augmenter l’action mécanique. Et contrairement à ce que recommandent plusieurs sites de restauration de 203, je déconseille fortement l’utilisation d’une chaine car la mienne s’est enroulée autour du tuyau qui vient prendre l’essence au centre du réservoir et il m’a fallu plus d’une heure pour la sortir (j’étais à deux doigts d’ouvrir le réservoir pour pouvoir la retirer). Le résultat n’est encore pas parfait après cette nouvelle séance mais je me dis qu’il faut savoir s’arrêter….

L’application du superkit de restauration du réservoir de Restom se passe ensuite sans problème (dégraissant d’abord, puis dérouillant/phosphatant puis résine) mais demande du temps (plusieurs week-ends dans mon cas car je ne peux pas consacrer tout un week-end à mon réservoir…). Après une semaine de séchage, je remonte donc mon réservoir de manière souple dans son emplacement dans le coffre:

  • après avoir repeint la gouttière où il se loge (il y avait de la rouille lorsque j’ai retiré le mastic qui avait été mis dans la gouttière)
  • et en utilisant deux chambres à air de vélo collées à la Néoprène pour assurer une étanchéité…
Une chambre à air de vélo est utilisée pour assurer un montage souple et l'étanchéité...
Une chambre à air de vélo est utilisée pour assurer un montage souple et l’étanchéité…

Il ne me reste plus qu’à reconnecter le réservoir à la ligne d’alimentation du moteur. En tout, la restauration du réservoir se sera étalée sur deux mois, avec maintes séances de bétonnière (les voisins ont dû se demander ce que je faisais). Ah, j’oubliais, entre-temps, j’ai ramené ma Peugeot 203 dans mon garage (car Laurent avait besoin du sien) en bricolant une alimentation avec un réservoir de motoculteur…

Un réservoir temporaire a été installé pour pouvoir ramener la voiture dans mon garage
Un réservoir temporaire a été installé pour pouvoir ramener la voiture dans mon garage

Il ne reste plus qu’à passer le contrôle technique pour profiter pleinement de la belle saison qui arrive…

8. La carburation

Janvier 2016

Après les fêtes de fin d’année, et les différentes réunions familiales qui y sont inhérentes, je décide de nettoyer un peu plus le carburateur, c’est à dire de démonter tous les gicleurs et de les nettoyer avec de l’essence et d’en profiter pour en dégraisser l’extérieur. Quand je le démonte, je vois des dépôts blancs au fond de la cuve du carburateur et un seul gicleur qui est dans un piteux état, avec une espèce de pâte blanche qui l’entoure…

Un seul gicleur était vraiment obstrué, celui contenant une bille qui coulisse pour obstruer ou pas le trou visible sur l'image
Un seul gicleur était vraiment obstrué, celui contenant une bille qui coulisse pour fermer ou pas le trou visible sur l’image…

Dans quelques endroits du carburateur, on retrouve aussi cette espèce de pâte blanche qui se nettoie relativement facilement toutefois (elle se dissout dans l’essence). Exemple: dans la pompe de reprise du carburateur…

Une pâte blanche se concentre parfois dans des endroits ou l'essence stagne (ne réduit pas toutefois le diamètre du trou comme on pourrait le croire sur cette photo)
Une pâte blanche se concentre parfois dans des endroits où l’essence stagne (ne réduit pas toutefois le diamètre du trou comme on pourrait le croire sur cette photo)

Par contre, le démontage du carburateur permet de voir l’entrée de la pipe d’admission du collecteur d’échappement, et là, la situation est plus sérieuse. Le diamètre de la pipe est fortement réduit par des dépôts blancs, secs et durs…

Seules les parois de la  pipe d'admission sont couvertes par des dépôts blancs
Seules les parois de la pipe d’admission sont recouvertes par des dépôts blancs (rien à l’échappement)

Après un bon nettoyage, en utilisant une mini-ponceuse, on retrouve le diamètre initial, ce qui devrait favoriser une meilleure carburation…

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Le dépôt est assez facile à retirer finalement, en utilisant un abrasif assez gros monté sur une mini-ponceuse.

C’est à ce moment là qu’il me revient à l’esprit que l’ancien propriétaire m’avait dit que parmi les restaurations qu’il avait faites, il y avait celle du traitement de l’intérieur du réservoir d’essence avec une peinture blanche de sol de garage. Cela pourrait expliquer les dépôts blancs dans le filtre à essence, dans le carburateur et dans la pipe d’admission…

Pour en avoir le cœur net, je démonte la jauge à essence située sur la face supérieure du réservoir d’essence (qui constitue le plancher du coffre dans une 203), et avec un tournevis, je gratte le fond du réservoir pour voir si par hasard, la peinture de sol utilisée pour restaurer le réservoir ne se détacherait pas des parois. En faisant cela, je ne retire pas la peinture mais je vois un panache de peinture qui remonte de la paroi quand je remue l’essence proche du fonds du réservoir…

Il n’y a pas de doute: la peinture se dissout petit à petit dans le réservoir. Et plutôt que d’attendre la prochaine panne de carburation, je décide de traiter ce point maintenant, sans vraiment avoir une idée du travail que cela représente…

 

 

7. Sa première sortie

Mi-décembre 2015

Maintenant que j’ai un peu plus confiance dans les freins, je me dis qu’il est temps de tenter une première sortie avec ma Peugeot 203. Rendez-vous donc un dimanche après-midi chez Laurent qui prend par précaution sa boite à outils, un triangle de signalisation et un gilet jaune. Et nous voilà partis.

Les premiers kilomètres se passent plutôt bien: le moteur a de la reprise, les vitesses passent plutôt bien et les freins ne chauffent pas (les garnitures ne frottent donc pas régulièrement sur les tambours). Il fait beau, le toit ouvrant laisse rentrer le soleil et l’air est exceptionnellement doux.

Mais en haut d’une côte, le moteur tousse et perd sa puissance. Il faut s’arrêter. On regarde s’il n’y a pas un gicleur du carburateur qui est obstrué: apparemment, non. On repart, et au bout de 500m à peine, même chose. On démonte donc à nouveau quelques gicleurs du carburateurs, sans rien vraiment trouver (mais on ne les démonte pas tous. Mon carburateur est un Solex 32 PBIC. Ce n’est que plus tard que j’apprendrai à le connaitre dans les moindres recoins…). Et cela plusieurs fois de suite jusqu’à ce que l’on se rende à l’évidence que l’on ne rentrera pas par nos propres moyens. Laurent propose donc d’aller chercher sa voiture pour ramener la Peugeot 203 jusqu’à son garage. Heureusement, les gens sont de suite sympathiques lorsqu’ils voient une personne en panne au bord de la route avec une ancienne, et il ne doit pas longtemps faire du stop avant de tomber… sur un mécanicien (mais spécialiste des diesels, donc qui ne peut rien dans le cas présent).

Le remorquage se fait avec une corde de marine enroulée autour du train avant (il n’y a pas de crochet de remorquage sur les voitures de cette époque). Ce n’est pas en fait si facile de gérer la distance avec une corde: s’il n’est pas nécessaire de faire quelque chose à l’accélération, il ne faut pas oublier de freiner lorsque la voiture qui tracte ralentit…

Une fois de retour au garage, la question est de savoir pourquoi l’aventure s’est finie ainsi. Plusieurs hypothèses sont possibles:

  • la bobine qui chauffe au cours du temps, ne génère peut-être pas assez de tension pour avoir une étincelle suffisante pour maintenir le moteur en marche
  • le carburateur est peut-être encrassé (on n’a pas démonté tous les gicleurs sur le bord de la route)

La première hypothèse est facile à vérifier: il suffit d’en commander une neuve et lorsque la panne réapparaitra, de la changer au bord de la route. La seconde va demander un peu plus de travail…

6. Les freins

Début décembre 2015

S’il y a bien un organe dans la voiture qu’il ne faut pas négliger, ce sont les freins, surtout que les anciennes, avec leurs freins à tambours, freinent nettement moins que les voitures modernes…

Les freins avant

On commence donc par mettre la voiture sur cric puis sur cale pour voir si les roues s’arrêtent de tourner quand on appuie sur la pédale de frein (c’est vraiment un test élémentaire car cela ne vous assure pas que vous freinez suffisamment, mais il faut bien commencer). En faisant cela sur la roue avant droite, il y a clairement un point dur sur cette roue (je comprends maintenant mieux pourquoi Laurent trouvait que la voiture était difficile à déplacer…). Il va donc falloir faire rectifier les tambours à l’avant droit, mais aussi à l’avant gauche pour des raisons de symétries de freinage. Heureusement, il y a tout à côté une entreprise qui fait cela au départ plutôt pour les camions, mais aussi à l’occasion pour les voitures particulières.

Les deux flexibles de frein du train avant sont légèrement abimés et il faut mieux les changer quand les roues sont démontées car cela donne une place appréciable pour travailler sous les ailes.

Une fois les roues démontées, on accède facilement au tambour; au flexible de frein et à des points de graissage (merci Victor de les avoir nettoyés)
Une fois les roues démontées, on accède facilement au tambour; au flexible de frein et à des points de graissage (merci Victor de les avoir nettoyés)

Changer un flexible de frein n’est pas aussi simple qu’il n’y parait. En effet, ses deux extrémités sont connectées à des pièces fixes (si on ne démonte rien d’autre) et la courbure du frein au serrage peut donc:

  1. ne pas être compatible avec l’amplitude de déplacement de la roue (et donc il va frotter sur le pneu et s’user prématurément)
  2. être proche d’une torsion entière et réduire le transfert de pression au frein quand on appuiera sur la pédale de freins.

La solution consiste à démonter le banjo du cylindre de freins pour redonner un degré de rotation au système… Ce qui est facile en théorie, mais plus compliqué en pratique car ce ne sont pas des pièces que l’on démonte souvent et la rouille peut vous empêcher de le démonter pendant des heures. Quand la force brute ne suffit pas, on peut tenter d’abord le dégrippant, ensuite de refroidir le boulon récalcitrant avec une bombe à froid, ou même appliquer un anti-rouille…

On profite aussi que les tambours sont démontés à l’avant pour vérifier que les coupelles dans les cylindres de frein se déplacent librement. Quand ce n’est pas le cas (et ce n’était pas le cas sur le frein avant droit), il faut améliorer l’état de surface à l’intérieur du cylindre de frein en frottant avec de la laine d’acier très fine (double ou triple zéro).

Bon, après rectification des tambours, il restera juste à les remonter. Passons maintenant à l’arrière…

Les freins arrière

Pour les freins arrière, on procède de la même manière en mettant le train arrière sur cric puis sur cales (c’est plus prudent quand on travaille sous une voiture de la mettre sur cales…). Puis on retire les roues pour accéder aux tambours. En utilisant un arrache-moyen assez large, on démonte le tambour et on accède aux mâchoires et aux garnitures.

Et là, surprise! Une garniture arrière est décollée de sa mâchoire. Voilà qui explique pourquoi lorsque je descendais ma Peugeot 203 du camion porte-voiture, j’avais l’impression d’avoir une roue bloquée. En faisant une petite marche avant pour remonter sur le camion porte-voiture, elle a du ensuite se mettre dans une autre position qui laissait la roue libre… Heureusement, il y a dans la région toulousaine une entreprise qui colle encore les garnitures de frein et c’est la même que celle qui rectifie les tambours. Je lui apporterai donc tout cela en même temps.

Une garniture de la roue arrière droite était décollée
Une garniture de la roue arrière droite était décollée

Le reste est assez classique: nettoyage de l’intérieur des cylindres comme sur le train avant, ce qui n’a pas posé de problèmes particuliers. Lorsque les garnitures seront remontées sur les mâchoires (j’ai finalement fait faire les deux roues arrière), il suffira de tout remonter avant de tout régler….

Le réglage des freins

Le réglage des freins consiste à s’assurer que les freins d’un même train commencent à freiner en même temps, afin de ne pas générer une déviation de la voiture au freinage (en théorie, il faudrait aussi vérifier que les les deux trains freinent en même temps mais c’est moins critique)

Pour ce faire, il faut tourner plus ou moins un excentrique (de section carré) qui se trouve sur la face intérieure de l’essieu. La première étape consiste à mettre un train sur cale pour avoir les roues libres, puis de freiner faiblement et vérifier que les roues se bloquent en même temps. Ensuite (et c’est le vrai test), il suffit de se rendre sur un chemin avec des cailloux, de freiner sec et de regarder si les traces de freinage d’un même train commencent au même endroit. Et si ce n’est pas la cas, on tourne légèrement l’excentrique et on refait le test…

Autre possibilité: passer un contrôle technique de freinage…

5. Premières réparations

Fin novembre 2015

Mes premières réparations commencent doucement, et pour cause, je ne veux pas démonter des choses que je ne saurais par remonter ensuite…

Au niveau du moteur, voilà son état quand on soulève le capot juste après son arrivée dans sa nouvelle région. Esthétiquement, il faudrait nettoyer le cache-culbuteur, décaper la peinture noire du radiateur pour refaire apparaitre la couleur initiale du métal, dégraisser quelques endroits…

Ce que l'on trouve sous le capot (il n'y pas de lion sous le capot finalement).
Ce que l’on trouve sous le capot (pas de lion apparemment, ou alors dans le moteur).

Je propose dans un premier temps de changer la durite supérieure du radiateur qui est réparée avec de l’adhésif (je l’avais commandé avant en précisant bien que ma voiture a été fabriquée après mai 1955). Lorsque j’essaie de la démonter (au départ sans la fendre si possible pour éventuellement la remonter si je trouve qu’elle est encore de bonne qualité), le caoutchouc qui est devenu dur avec le temps se déchire. Donc autant en mettre une neuve à présent.

Dans la durite supérieure du radiateur, il y a un calorstat , c’est à dire une vanne qui s’ouvre au dessus d’une certaine température pour que l’eau puisse aller se refroidir au niveau du radiateur. Il a l’air en bon état mais avant de remonter le tout, le calorstat est testé en le mettant dans une casserole remplie d’eau que l’on fait bouillir. Il s’ouvre à 70-80 degrés, ce qui est nominal me dit Laurent.

Durite supérieure du radiateur sur un modèle après mai 1955 (le collier le plus éloigné du moteur tient le calorstat en place)
Durite supérieure du radiateur sur un modèle après mai 1955 (le collier le plus éloigné du moteur tient le calorstat en place)

Pour le clignotant qui ne fonctionne pas à l’avant droit (pas d’origine, sa forme angulaire indique une conception plus tardive que 1955), il s’agit en fait d’une cosse rouillée qui donne un mauvais contact au niveau de l’ampoule. Une fois la cosse grattée, le contact est meilleur et le clignotant fonctionne normalement.

En déplaçant la voiture à la main (sans vitesse enclenchée, au point mort), Laurent trouve que ma Peugeot 203 est difficile à déplacer. De mon côté, n’ayant pas de référence, et me rappelant qu’une Peugeot 203 pèse à peu près 900 kg (j’avais regardé son poids avant de louer le camion porte-voiture pour vérifier que l’on ne dépassait pas le PTAC…), je ne trouve pas cela si bizarre. Mais on vérifiera quand même les freins pour voir si par hasard, il n’y en a pas un qui frotte tout le temps…

4. Petit tour du propriétaire

Novembre 2015

Ce n’est qu’une fois la Peugeot 203 rentrée dans le garage de Laurent (le temps que je vide le mien) qu’on a un peu plus le temps pour faire le tour du propriétaire…

Juste descendue du camion porte-voiture.
Juste descendue du camion porte-voiture. Et au chaud pour l’hiver (chez son ancien propriétaire, elle était sous un portique).

L’inspection visuelle identifie bien quelques réparations mineures: les deux flexibles de frein à l’avant sont légèrement abimés par le frottement des pneumatiques quand on tourne fortement les roues, et un clignotant ne fonctionne pas. Mais on en conclut qu’on devrait toutefois pouvoir passer le contrôle technique rapidement…

D’après la carte grise (de collection. Au départ, j’aurais préféré une Peugeot 203 avec une carte grise normale mais on ne peut pas satisfaire tous ses critères dans la vraie vie), ma Peugeot 203 aurait reçu son immatriculation le 1er janvier 1955… En y réfléchissant à deux fois, cela parait étonnant que la préfecture ait émis une immatriculation un jour férié, non?

Pour éclaircir de tels mystères, rien ne vaut l’Aventure Peugeot, l’association des heureux propriétaires de voitures Peugeot accolée au constructeur du même nom. Moyennant une inscription en tant que membre, ils sont capables de vous fournir les informations telles que la date de sortie d’usine, la couleur originale de la voiture, etc. Dans mon cas, la date de sortie d’usine est le 28 juillet 1955. Impossible donc que sa première immatriculation date du 1er janvier de cette même année. L’explication est donc simplement que la carte grise – et la date de première mise en circulation avec – a du être perdue au cours du  temps et la date arbitraire du 1er janvier a été choisie…

Pour la petite histoire, le 28 juillet 1955… c’est la veille des congés payés estivaux de 1955 (le mois d’août est traditionnellement férié dans l’industrie en France, au moins les premières semaines). C’est donc aussi une des dernières du modèle 1955 (à cette époque, le changement de modèle se faisait à la rentrée des congés payés: le modèle 1956 débute  donc en septembre 1955). J’imagine aussi que ma Peugeot 203 a été faite par des ouvriers qui n’avaient en tête que les vacances à venir… Et alors est-ce qu’ils l’ont quand même montée avec sérieux?

Je ne sais pas si cela a un rapport quelconque avec sa fabrication juste avant les congés payés mais… le moteur ne possède pas de numéro de série. J’aurais bien voulu savoir si le moteur était celui qui avait été monté en usine, en 1955. Normalement il est inscrit à gauche du moteur, à coté de la pompe à essence sur un plan incliné usiné. Sur la mienne, le plan existe mais pas de numéro frappé. Encore un mystère..

Pas de numéro de série sur mon moteur. Normalement, il est frappé à coté de la pompe à essence.
Pas de numéro de série sur mon moteur. Normalement, il est frappé sur une plan incliné à coté de la pompe à essence.

NB: cela a l’air anecdotique de connaitre la date exacte de fabrication mais cela ne l’est pas en fait car en 1955, il y a eu un changement dans le radiateur utilisé, et donc les durites supérieure et inférieure ne sont pas les mêmes suivant que la voiture a été produite avant ou après mai 1955…

3. Son transport vers sa nouvelle demeure

Novembre 2015

J’ai longtemps hésité avant de décider comment j’allais ramener la Peugeot 203 vers sa nouvelle demeure: puisque l’ancien propriétaire avait déjà fait des sorties avec elle, l’option de la ramener par la route me paraissait possible. Ce qui me gênait dans cette option, c’était la difficulté d’éviter de rouler de nuit (j’avais vu une ancienne sur l’autoroute le dimanche où je l’ai acheté et on ne la voit que très tardivement car les lumières à l’arrière sont très discrètes). Au mois de novembre, il est en effet difficile de rouler sur un peu plus de 700 km aller-retour, avec pour le retour une vitesse raisonnable pour une ancienne (90km/h) sans avoir une partie du trajet de nuit (sans compter un retard en cas de panne). Et rouler de nuit me parait dangereux, donc malgré l’enthousiasme de Laurent à tenter l’aventure de la ramener par la route (avec une boite à outils à portée de main toutefois), je choisis la solution du camion porte-voiture (je n’ai ni le bon permis, ni la voiture suffisamment puissante pour une remorque porte-voiture).

On verra plus tard que c’était le bon choix…

De même, je décide de prendre l’autoroute plutôt que les nationales quand c’est possible pour éviter les routes trop sinueuses. Le camion porte-voiture est assez long et j’essaie d’éviter les virages trop serrés. De plus, en terme de tarifs autoroutiers, le surcoût du camion porte-voiture est tout à fait raisonnable par rapport à une voiture particulière.

Bref, nous voilà partis avec Laurent, un mois après son achat, en camion porte-voiture pour la ramener vers sa nouvelle demeure. Rien de particulier à noter si ce n’est qu’en l’absence de point d’ancrage, on a choisi de passer les sangles directement au niveau des essieux.

Bien arrimée sur le camion porte-voiture, prête pour 4 heures de routes!
Bien arrimée sur le camion porte-voiture. Heureusement pas de pluie ce jour-là (c’était aussi un critère pour choisir le jour)

A l’arrivée, n’ayant pas une grande expérience de la conduite en marche arrière avec cette voiture (pour être honnête, je savais à peine où était la marche arrière sur le levier de vitesse à ce moment-là), je descends la voiture du camion porte-voiture, moteur arrêté en me servant du frein à main pour la ralentir. Arrivé en bas, je démarre le moteur et impossible de reculer (comme si j’avais une cale derrière une roue)! Après une petite marche avant (remontant donc sur le camion porte-voiture), la marche arrière semble à nouveau possible. Plus tard, rien d’autre à signaler quand je fais un petit tour du pâté de maison pour me familiariser avec les changements de vitesse au volant (mon oncle Michel a bien eu une Renault 6 avec des changements de vitesse au volant, mais je n’en ai pas conduit moi-même avant).

Bizarre, cette sensation de frein bloqué, tout de même!Mais l’explication viendra après…

 

 

2. Celle que j’ai achetée

Octobre 2015

Après ma visite décevante du Gers, j’ai continué à regarder les sites de petites annonces mais sans grand succès pendant l’été 2015. A part la découverte d’une arnaque un peu par hasard (deux annonces sur deux sites différents, avec un prix bas sur l’un et un prix dans le marché sur le second… En interagissant avec les vendeurs, on découvre vite lequel des deux s’y connait en mécanique, sans parler du fait que l’annonce à prix bas faisait référence à un détail sur la carrosserie qui n’a jamais existé)

A l’automne, alors que Laurent est parti profiter du soleil dans le Pacifique (mince, plus possible de lui demander son avis sur un achat éventuel),  une annonce, publiée un samedi soir, me semble correspondre à mes attentes: ni trop chère, ni trop loin (à la fin plus loin que je ne le pensais initialement toutefois), sans trop de réparations à prévoir (puisque l’ancien propriétaire me dit qu’il la fait rouler de temps en temps). Je décide d’y aller le dimanche matin avec les enfants (la 203 étant au bord de mer, cela me semble une bonne occasion de revoir la mer avant l’hiver, même si on est déjà en octobre, donc pas question de se baigner dans l’Atlantique à cette époque).

Après presque 4 heures de route, voilà la voiture telle que je la vois en arrivant. Le moteur tourne (l’ancien propriétaire la démarre devant moi et fait quelques mètres avec la voiture). Pas vraiment le temps avec les enfants de faire un tour plus long (midi est déjà bien passé et ils n’ont pas eu de goûter à dix heures). Alors, c’est décidé, j’achète (de toute façon, je n’ai pas mon spécialiste des anciennes sur la main pour avoir un avis plus assuré. Et comme je ne suis pas le seul qui est intéressé par l’annonce, à la limite, je pourrais la revendre si je me suis trompé…)

Ma peugeot 203
Ma peugeot 203: une 203C de 1955, sans flèches de direction et avec des clignotants plus tardifs, dans une belle livrée gris pigeon. Elle n’est pas équipée de flancs blancs, ce n’est que de la peinture blanche sur les pneus.
L'habitacle, bien que pas parfait, est suffisant pour
L’habitacle de ma Peugeot 203C: il y a bien quelques restaurations à prévoir mais rien d’indispensable dans un premier temps

On verra plus tard comment la ramener à Toulouse. Pour l’instant, les enfants ont faim… et moi aussi. Donc direction le premier fast-food du coin (on n’y va jamais d’habitude)

Et ensuite direction la mer. Les enfants ne seront pas restés 8 heures en voiture un dimanche pour rien (merci pour votre patience, les enfants!)